mercredi 25 janvier 2012

Voici une interview de la part du zine La Sainte Ligue, à paraître prochainement sur papier. Bonne lecture.



Le son semble être une composante essentielle de votre univers, sur quel type de matériel jouez-vous ?


Nous avons en effet un intérêt particulier pour tout le matériel dit "vintage" c'est-à-dire les amplis et instruments des 60 jusqu’aux 80 qui possèdent des caractéristiques esthétiques propres à l’univers sonore de Huata parfois poussiéreux. Le grain et le voicing particulier des amplis Sunn O))), Orange, des orgues Hammond, ainsi que des instruments qui ne sont plus produits aujourd’hui tels les Kramer avec un manche en aluminium par exemple amènent beaucoup d’authenticité dans notre son, et c’est également à un certain héritage musical que nous faisons référence en ressortant des greniers et des caves voire des églises ce matériel. Bien sur le fort volume auquel nous jouons amène également une dimension physique au son, et le fait que nous appuyons beaucoup les basses fréquences, avec du fuzz alourdit d’autant plus la texture sonore que nous souhaitons mettre en avant. C’est un choix qui ne nous est pas propre, beaucoup de groupes de Doom utilisent ces amplis et méthodes pour parvenir a leurs fins, cependant nous avons une attention particulière à ce son afin de ne pas sonner "les plus forts les plus gras les plus lourds" mais sonner à 666% Huata. A ce propos nous sommes en collaboration officielle avec le fabricant de pédales custom français Arts In Bloodshed (qui travaille avec Kyuss lives! entre autres) afin d'aboutir encore plus notre choix de matériel en adéquation totale avec nos ambitions.



Ce son en studio et en concert, est-ce une sorte de rituel chthonien ? Vous cherchez quoi ? À capter des forces souterraines ou juste exploser des tympans ?

Nous cherchons avant tout à proposer une sorte de cérémonie sonique et puissante, qu’à travers le volume élevé et la pesanteur du son notre auditoire puisse se plonger dans un univers en décalage avec le monde réel. Nous essayons de mettre en relation le visuel et le sonore, grâce à une sorte de retour à un état extatique, de communion entre la matière sonore et le corps. L’aspect rituel que tu soulignes nous ramène également aux pratiques occultes ou cérémonielles, en tout cas initiatiques et processionnelles que certaines sociétés dites "païennes" mettaient en œuvre. Si l'homme occidental de nos jours a perdu cela, nous essayons de le remettre en avant dans nos prestations scéniques pour inviter nos fidèles à communier avec nous de nouveau dans cet esprit commémoratif, et ainsi renouer avec les anciennes pratiques.



Je lis tour à tour que vous êtes un groupe Doom, sludge, drone... On ne va pas trop apporter d'eau aux moulins de ces redondances inutiles, mais dites-moi tout de même comment vous qualifiez votre musique et quelles en sont les principales influences et buts profonds.

Nous partons du principe qu'il est impossible de se décoller d'une étiquette donnée par les autres, il s'agit d'une vaine lutte que la plupart des artistes mettent en avant pour faire valoir leur côté original. Nous n'avons pas la prétention de révolutionner la musique avec Huata, et les gens qui pratiquent réellement de la musique révolutionnaire sont bien moins nombreux que ceux qui l'affirment. Nous dirons simplement que nous faisons de Huata une entité à part entière qui évolue selon ses préceptes esthétiques propres et nous tâchons de faire évoluer cela dans une direction qui nous semble juste.

Outre les appellations pompeuses que nous affublent les labels, notre style musical se situe entre Doom et Stoner, avec des réminiscences de Rock 70 par moments. Les grands pontes que nous prêchons sont entre autres Black Sabbath, Electric Wizard, Weedeater, Bongzilla, Goatsnake, Earthride, c'est à dire les groupes qui pratiquent le culte du Riff. Nous nous appliquons à mettre ce principe en avant, mais à cela s'ajoute parfois une esthétique proche du Drone, du fait des larsens résonnants et des nappes sonores diluées que nous aimons mettre en jeu ; Sunn O))), Asva bien sûr font partie du panthéon sur lequel nous avons toujours un œil. Pour le côté 70 on pense bien sur à Coven (dont nous faisons une réinterprétation sur le nouvel album) mais aussi Black Widow, Goblin, Magma, King Crimson etc.



Je sens beaucoup de malice dans vos titres, vos textes et illustrations. Détourner des bondieuseries est un fétichisme assumé ou juste une posture ? Un effet de style, une originalité ? En viendrez-vous à jouer une provocation beaucoup plus risquée et (politiquement/religieusement) incorrecte ?

Ce qu’il faut comprendre avant toute chose, c’est que malgré notre affectation au milieu Rock (et disons Metal en général) nous ne sommes pas des Antichrétiens primaires, bien que les crucifix inversés que nous usons témoignent en notre défaveur. Bien sûr, l'aspect "antithèse du christ" déployé par nos bures de sang, nos croix et citations tendent vers cela, mais c'est en réalité un "point de départ" vers le fond de notre sujet. Se positionner comme un énième provocateur antichrétien n'aurait pas de sens à nos yeux, ce serait enfoncer des portes déjà ouvertes, voire défoncées depuis les carnages des églises Norvégiennes.

A la limite, notre problème avec la culture chrétienne se situerait plutôt dans leur destruction des cultures païennes et ancestrales qui étaient le fondement de notre société occidentale et effaçant toutes traces de magie dans ce monde. Mais cela ne nous empêche pas d'avoir du respect pour cette religion, et même, le fait de parler de son revers de médaille (de manière théologique s'entend) ne signifie pas la rejeter : plutôt que de brûler des églises, nous serions enchantés de jouer dedans. C'est le sens mystique qui nous attire, et l'aura que déploie n'importe quelle messe de n'importe quelle religion possèdera forcément des éléments qui retiennent notre attention. Toutefois, l’aspect théâtral et parfois burlesque que nous mettons en jeu à travers ce visuel est là pour rappeler à tout le monde que nous restons un groupe de rock’n’roll, et bien que nous ayons du fond dans nos propos, nous n'oublions pas le côté fun de jouer sur scène et d'y prendre énormément de plaisir.

Enfin, notre groupe n'a aucun trait politique, nous considérons qu’à aucun moment cela ne doit transparaitre dans l’Art en général, donc encore moins dans notre propre projet. Nous avons même à ce propos au sein du groupe des opinions différentes et divergentes, mais cela n'a jamais été et ne sera jamais partie prenante de nos composition, de notre attitude ou de notre style, paroles et autres.

En fait, nous souhaitons faire exister Huata de la même manière qu'un réalisateur de film fantastique souhaiterait faire exister ses personnages, qu'ils soient bons ou mauvais, de par leurs intrigues et leurs buts. Il s'agit là uniquement de mise en scène, nous ne cherchons pas à inciter à penser d'une manière différente, nous ne faisons que raconter des histoires. La musique extrême fait souvent office de dépotoir d'enragés prompts à balancer maladroitement leur haine aux hommes politiques, au clergé et à d'autres dictateurs. Nous estimons d’une certaine façon qu’un message politique caché dans de la musique revient à de la propagande vicieuse, et malgré l’aspect "sectaire" qui se dégage de notre univers, dans l’absolu les disciples qui se rallient à Huata sont pleinement conscients et ne se font pas endiguer à travers des préceptes viciés ou camouflés.



Votre nom ("conspuer") en dit long sur vos manières... Êtes-vous vraiment des gens provocateurs et pendards dans la vie ?

Il signifie également "chasse aux sorcières" d'où le rapport à la magie et aux contes extraordinaires, les mythes et mythologies qui font également partie de l’identité du groupe. Mais, à vrai dire, socialement, nous sommes plutôt conformes à la "norme". Nous n’usons pas de la provocation gratuitement et sommes loin de haïr tout et n'importe quoi. De plus, nos convictions personnelles n’entrant pas en ligne de compte, nous n’avons pas à nous justifier du discours global de Huata par rapport à nous en tant qu’individus.

Le mot conspuer, à vrai dire, fait référence au peu de disciples joignant nos rangs. Nous avons toujours agi dans le but de faire exister Huata tel que cela devait être, et non pas en nous basant sur les dires d’untel ou les demandes du public, et encore moins les effets de mode. Nous réduisons de nous même notre public d’une certaine façon, mais cette intégrité artistique est là clé de voûte du groupe. Nous ne sommes pas Motörhead de toute façon, et les gens ne viennent pas en masse nous voir le sourire aux lèvres pour headbanguer deux heures durant, c’est là le propre de la contre-culture et du milieu underground en général, et cette restriction se fait donc naturellement.



Ce rapport à l'occultisme c'est quoi ? Inversion morale ? Anti-christianisme ? Véritable superstition/croyance de la part des membres de Huata ?

L'occultisme est une pratique qui est volontairement cachée à la plèbe. Les cultes, les rites secrets, et leur fond ne doivent pas être révélés à tous, car il s'agit là d'une vérité héritée des plus anciennes traditions qui soit, et cette vérité, tous ne sont pas en mesure de l'appréhender. Les façons de cacher ces pratiques sont multiples à travers des codes secrets notamment dont nous nous servons parfois.

Finalement, les aspects magiques ou religieux, bien qu'ils soient souvent liés, n'ont, à la base, rien à voir avec la pratique occulte. Une religion peut comprendre un enseignement occulte, mais cela peut aussi être une philosophie, voire un consortium de recherches expérimentales.

Notre rapport à l’occultisme est une doctrine qui nous enseigne la cosmogonie de l'humanité selon le cycle des sept races, dont la première nous provient de Vénus, l'étoile du matin. Cette doctrine enseigne entre autres la maîtrise du Vril, l'énergie capable d'antigravitation, une puissance illimitée puisée dans le vide de l'univers. Nous nous inspirons d’elle et prêchons en recoupant les faits historiques et occultes, les grandes vérités cachées de nos ancêtres (sans pour autant verser dans la conspiration). C’est cette initiation extra-terrestre et intra-terrestre que nous nous devons de retrouver afin de renouer avec la plus profonde tradition, celle de la connaissance de Lucifer.



Qu'on l'accepte ou non, vous êtes liés à un genre musical particulièrement empreint de valeurs chrétiennes, beaucoup de groupes de Doom, notamment yanquis sont ouvertement chrétiens, quel regard portez-vous sur cette tradition dans le Doom metal, et sur votre différence ? Qu'est-ce que l'indécence et le vice apportent de plus à l'histoire ?

L'indécence et le vice peuvent apporter la réflexion et la remise en cause (si tant est qu'on l'accepte), mais nous ne sommes pas des chasseurs de chrétiens à proprement parler et le fond de notre sujet n'a finalement rien à voir avec ce type de haine (ni aucune haine d’ailleurs), si ce n'est que l'instrument du culte chrétien a détruit ou empoisonné beaucoup de ce qui constitue notre trame. Mais ce sont là des faits historiques et incontestables, nous ne remettons pas le passé en cause et n'avons aucune haine à vouer à qui que ce soit pour cela. Nous n'avons donc pas de regard particulier ni d'opinion à l'égard des groupes de Doom chrétiens, mais il nous est permis de douter que l'inverse soit vrai.



Huata a récemment participé à une émission de radio sur la relation entre Metal et Cinéma Fantastique ; à quel degré la culture cinématographique influe t-elle sur l'univers de Huata ? Pouvez-vous indiquer des oeuvres cinématographiques en parfaite adéquation avec l'esprit Doom Rock/Metal selon vous ?


Pour être tout à fait franc, nous n'avons pas du tout le lien avec le cinéma qu'aurait un groupe comme Electric Wizard ou Cathedral. Cela ne nous empêche pas de regarder beaucoup de films, mais la musique de Huata ne sera jamais une possible bande originale d'un film de la Hammer. Ce n'est pas notre démarche, ce n'est pas notre sujet.

Cependant, parmi les films que nous pensons être en adéquation avec l'esprit de notre musique, nous pourrions citer Le Masque du Démon, The Holy Mountain, To The Devil A Daughter, The Devil Rides Out, Simon King of the Witches, des films relatant de rites initiatiques ou de dévotion au malin en général.

Mais par rapport au lien Doom et cinéma, c'est en général l'image du film plus que le film en lui même qui importe. Et finalement, on peut retenir là le rapport avec la musique, où le fond, donc les paroles sont en général peu approfondies, et que c'est l'ambiance du disque et sa pochette qui retient l'attention de l'auditeur (tout comme un film avec des zombies, loups-garous ou vampires attirent le public, peut importe le scénario). L'esprit du Doom est en cela lié avec ce genre de films, dans le sens où il s'agit avant tout d'une atmosphère et que l'on n'a pas besoin de comprendre les paroles du groupe pour en apprécier leur musique. Ce sont là des clichés qui ont la peau dure, mais il n'en demeure pas moins que leurs ambiances ont un certain cachet.



Ne serait-il pas pertinent un jour de tirer ses influences d'un autre type de cinéma que celui, bis ou fantastique/horrifique, habituellement razzié par les groupes de Doom, Sludge & cie ? Ou bien cette superfluité est-elle finalement inséparable d'un genre qui est lui-même une redite quasi permanente de codes musicaux désuets ?

Les films de type contemplatifs peuvent avoir leur place dans l’esthétique du Doom. Par exemple Year Of No Light à joué directement sur scène la bande originale d'un film muet. La pesanteur et la lenteur de certains films de Gus van Sant ou Terrence Malick peuvent également nous faire penser à une esthétique propre à des groupes de Doom ou jouant sur cette dilution narrative/rythmique. Le film The Limits Of Control de Jim Jarmuch par exemple dont Boris, Sunn O))) ou Dylan Carlson de Earth participent à la bande originale illustre parfaitement ceci.

Sur un autre ton, un film de R. Rodriguez avec une bande son faite par Orange Goblin et Acid Witch pourrait également parfaitement coller et sonner d’enfer. L’espoir est permis !



Vous avez une formation difficile à maintenir en place, pourquoi ? Alors que le groupe est très jeune et relativement actif !

Trouver un line-up stable n’a pas été chose simple, car il a fallu rassembler autour du Grand Gourou des disciples suffisamment motivés et investis à la gloire de Huata. L’investissement au niveau du budget et du temps est déjà un obstacle que beaucoup anciens disciples n’ont pas su surmonter, sans parler de l’implication artistique, voire même de leur niveau musical. Ces impies n’ont pour la plupart plus rien à faire avec nous ou n’ont pas eu le recul nécessaire le moment venu pour faire part de leurs préoccupations personnelles. Ceci fait désormais partie d'un passé sur lequel nous ne souhaitons pas revenir.

Nos rangs sont à présent composés de membres qui ont tous une expérience assez bien remplie dans leur domaine et nous sommes tous conscients des contraintes qu’impliquent un poste dans le commandement des forces souterraines de Huata. Chacun fait sa part de travail pour que nous puissions parvenir à nos fins et à nos faims.



Êtes-vous appréciés à votre juste valeur localement ? Ou vous chasse t-on de partout (concerts, salles de répétition...) ?

Oui, nous sommes appréciés à notre juste valeur, c'est-à-dire que nous ne sommes pas très appréciés ! Le public Rennais ne saisit pas vraiment notre propos et nous ne sommes pas du genre à faire du copinage avec les groupes locaux ou des contacts quelconques pour remplir notre carnet d’adresses et obtenir des dates facilement. Ainsi seuls quelques initiés nous suivent régulièrement sur nos concerts, dans le meilleur des cas les autres impies s’en foutent royalement, quand on ne nous traite pas d’extrémistes bruitistes incitant à l’inceste. Nul n'est prophète en son pays.



L'identité bretonne a t-elle une influence, même mineure, sur le groupe, ses valeurs, ses concepts ?

L'identité Celte, plus exactement. Il s'agit de notre héritage que nous tenons des Atlantes, Hypérboréens et autres civilisations d’initiés aujourd’hui éteintes. Le nom "Huata", de langue bretonne, constitue déjà un hommage à ces racines et à cette culture. Notre Grand Gourou a plus particulièrement baigné dans cette culture depuis toujours, et connaît les chants traditionnels et a étudié la langue de ses aïeux. Il reste aujourd'hui marqué par celle ci. Nous partageons globalement tous son enthousiasme au sein du groupe pour cette forme de poésie et d'imaginaire.



Comment percevez-vous l'accueil que fait le public à Huata en général ? Décrivez-moi l'expérience d'un concert de Huata.

Il y a deux catégories de gens constituant notre auditoire habituel. Quand nous faisons nos balances il y a toujours une personne pour venir nous demander de baisser le volume, ce que nous refusons promptement. Une fois le concert commencé apparaît la première catégorie de personnes qui vont progressivement s’en aller à cause du volume. Généralement à cause de la lenteur, et enfin par ennui ils finissent par fuir complètement. Et quand ceux qui ricanent en nous traitant de guignols déguisés sont définitivement partis apparaît la seconde catégorie. Ceux là sont plutôt attentifs, essayent de comprendre notre propos et se sentent aspirés dans notre ambiance, happés par les nappes sonores. Le plus souvent la première catégorie est majoritaire, et parfois nous ne jouons même pas devant un public connaissant le Doom, ce qui réduit l'accroissement potentiel de disciples dans nos rangs…



Vous avez fait quelques premières parties prestigieuses, du style Electric Wizard, avez-vous jouis de conditions meilleures qu'en temps normal ?

Certainement ! Même si nous n'avions pas eu de cachet pour le concert avec Electric Wizard (certains ont même fait courir la rumeur comme quoi nous avions payé pour jouer avec eux), les conditions étaient géniales : le staff s'est occupé de monter et démonter notre matériel, les ingénieurs du son étaient à notre écoute et nous avons pu travailler au mieux notre son. le repas était excellent (c'est pour nous un point très important). Le seul souci que nous avons rencontré c'est le manque de place sur scène dû au matériel du groupe anglais, qui ne voulait pas le déplacer. Si toutes les dates pouvaient être aussi bien encadrées au niveau logistique, nous en serions ravis.



Présentez-nous l'album à venir dans tous les détails utiles et tolérables. Pourquoi avoir fait appel à un consortium de labels ? A quoi peut-on s'attendre ? Quelles évolutions notables depuis le maxi ?

Cet album est une première pierre posée vers la réalisation complète de notre doctrine, et relate toute une partie de l'histoire de façon parfois prophétique mais toujours détachée de convictions politiques. En passant par les Stances de Dzyan, les sectes porteuses de la doctrine secrète et la chute de l'Atlantide entre autres nous proposons un discours sur la recherche du pouvoir et du savoir provenant de l'ancien temps, initié par les forces Lucifériennes extra-terrestres. Dans l'ensemble il s'agit d'un regard porté sur le passé, non seulement empreint d'une nostalgie bornée, mais éclairé sur notre avenir, et renaissante. Nous parlons de la transmission de la Tradition, par la kabbale juive, dans les ordres secrets tels que celui des Templiers (et notamment du Dragon Rouge), la Rose Croix, et encore bien d'autres groupuscules avides de cette connaissance. Inévitablement nous nous sommes penchés sur les derniers à avoir étudié, cru et agi en fonction de cela : l'Ordre Noir, les SS, l'Anenherbe, mais aussi les loges de Thulé, qui au delà de leurs crimes envers l'humanité (que nous ne cautionnons pas, évidemment), restent le dernier gouvernement qui ait agi selon des croyances magiques qui renouaient avec les pratiques ancestrales. Astrologues, devins, poètes illuminés (tel Guido von List, Liebenfels, Willigut) influençaient les décisions politiques et militaires d’un état major, et cela est tout bonnement hallucinant et fascinant. Pour mieux situer, vous pourrez comparer aisément ces personnages à celui de Raspoutine. Il s'agissait là d'une autre civilisation, complètement différente de l'Europe occidentale positiviste et matérialiste, car les maîtres étaient alors entièrement à l'écoute des mages, comme cela était dans un passé lointain. Au delà de ça, quelques écoles néo païennes wiccanes conservent de nos jours des restes de tradition de manière disséminée, dont l'imagerie a finalement plus d'importance que le sens profond. Nous nous efforçons de recouper ces groupuscules dans des histoires mettant en scène l'usage de la magie et des mythes, dans le but d'obtenir des pouvoirs et des vérités surnaturelles, voire extra-terrestres.

Le consortium de labels s'explique simplement par le fait que nous ne sommes pas un groupe suffisamment connu pour pouvoir intéresser un gros label capable de prendre en charge la sortie des cds, des lps. Celui-ci a ce double avantage d'étendre la distribution dans de nombreux endroits et de multiplier la promotion de l'album à travers le vieux continent. Nous sortons 500 double-lp, 500 cds et une petite série de 50 cassettes est à venir via notre partisan Zugzwang Productions qui a déjà réédité notre maxi dans une édition limitée de 66 cassettes. Il y aura également une version en boîtier cristal qui sortira uniquement pour les shops Anglais via Mordgrimm, mais ce sera pour plus tard.

Les évolutions depuis le maxi précédent sont évidentes : nous avons enregistré avec un line up complet, et si les fondations ont été posé avec le premier enregistrement, cet album est bien plus concret et abouti par rapport à nos visées artistiques. Le son est plus travaillé, il y a de l'orgue, et les structures des compositions sont affinées. Les conditions d’enregistrement étaient également meilleures comparé au premier qui était complètement DIY et qui n’était pas conçu comme un album à sortir à proprement parler à la base. Nous avons évidemment à redire sur cet enregistrement au niveau son et intentions, mais il va dans le sens que nous voulions, ou en tout cas il pose le décor pour le prochain à venir.



C'est quoi l'environnement et les conditions optimales d'enregistrement pour Huata ? Une grotte ? Une cave à vins ? L'isolement ? La nuit ? Vous croyez qu'un environnement délabré, comme on peut le voir sur certaines photos de vos sessions d'enregistrement, est nécessaire pour créer une musique véritablement sale et démodée jusqu'à l'os ?

L'idéal serait de trouver un temple souterrain pour y établir notre culte, mais pour le moment nous nous contentons d'une grange aménagée pour les répétitions, chez notre batteur en Bretagne profonde. Tous les endroits que tu cites sont effectivement propices à notre activité. En vérité, l'idéal serait de jouer durant un banquet dédié, que nos viandes soient garnies, et que chacun puisse boire à satiété. Une église pour son caractère sacré et son acoustique remarquable serait également un endroit rêvé pour nous. Mais nous n’avons pas particulièrement besoin d’un endroit en particulier pour que l’alchimie opère, nous avons besoin d’être imprégnés de l’univers de Huata et nous plonger à 100% dans celui-ci, mettant de côté la notion d’ego et d’individu de chacun, ce qui a posé des problèmes au sein du line-up durant l’enregistrement par exemple. Mais nous préférons tout de même jouer en campagne bretonne plutôt que dans un studio prestigieux de la capitale, cette pieuvre urbaine abondant d’impies. Précisons que notre but n'est pas d'inspirer une terreur malsaine ou quelque autre violence destructrice insensée. Les faux disciples du malin sont des âmes perdues vouées à ce genre de pratique, aveuglés par la révolte et le stupre sans lendemain. Ainsi, l'environnement se doit de rappeler ce qui était de bon goût, la bonne chair, de manière rassurante, chaleureuse et bien garnie. Sans faire de chauvinisme, nous sommes heureux d'être en Bretagne et d'apprécier son atmosphère, son climat et sa quiétude.



Le Doom en France : effet de mode à l'état larvaire ou illusion perdue ? Vous avez des recommandations patriotiques et chauvines à faire ?

Illusion perdue d'avance, mais ce n'est pas une raison pour laisser tomber un rêve. A moins d'une manipulation des âmes de ce pays, nombreux restent ceux qui ne veulent pas connaître cette musique. Nombreux parmi eux ne voudraient pas la connaître, et parmi ceux qui la connaissent, le caractère élitiste de beaucoup brouille leurs sensations premières, et dénature leur véritable goût pour ce genre. Au delà de ça, peu importe comment cette scène évolue dans ce pays, nous continuerons de prêcher le fuzz quoi qu'il advienne.

Nous n’avons donc aucune recommandation à donner, la propagande est faite pour manœuvrer le goût des gens à ses fins.



D'ailleurs quelles sont vos relations avec les autres groupes Doom ou affiliés en France ?

Nous avons des alliés : The Bottle Doom Lazy Band de Poitiers, Stangala de Quimper, Lamort de Marseille, Wheelfall de Nancy, Barrabas de Paris, Mhonos de Rouen, et les bien connus Monarch! de Bayonne. Malgré le peu de public dans nos campagnes, les groupes sont bel et bien présents et actifs de leur meilleures forces. Nous nous efforçons de trouver des dates l'un pour l'autre, de par les associations, les salles. Ce n'est pas facile, mais cela progresse. Il y a énormément de groupes étrangers qui entrent en contact avec nous pour nous demander de leur trouver des dates (Pombagira, Eagle twin, Wounded Kings, Alunah, Cementerio, Dopethrone, Bitcho et bien d'autres) en France. Le choix est large, mais les événement ne se produisent pas facilement car le public n'est pas toujours au rendez-vous et les associations ont peur de prendre des risques (ce qui est tout à fait compréhensible).

Mais la scène existe et nous pouvons citer parmi les affiliés la Stoner West Coast (Asphalt Rising, Missing Miles, Jumping Jack et pleins d'autres) qui s'efforce de rallier tous les groupes qui se rapprochent du stoner dans le grand Ouest. C'est ce genre d'initiative qui fait véritablement progresser l'intérêt pour cette musique dans notre pays.



Il y a une mise en garde sur votre site à l'attention des patrons de pubs/clubs qui seraient tentés de vous faire jouer, à propos de votre volume sonore, avez-vous souvent des problèmes avec ça ? Vous a t-on déjà flibusté à cause de cela ? Si tu as un endroit à condamner, blâmer ou maudire à cause d'attitudes de merde, afin d'éviter à d'autres d'être trompés ou manipulés, c'est le moment et le mot (conspuant) de la fin...

De part notre expérience nous pouvons citer parmi tant d’autres deux lieux impies à proscrire : le Black Label Café à Brest, et le Pixie à Bagnolet. Evitez à tout prix d’y mettre le pied si vous souhaiter jouer dans vos conditions sonores idéales. Nous avons en effet ce problème récurent auquel nous accordons de l’importance et auquel nous ne voulons pas faire de concessions. Nous considérons que nous devons pouvoir jouer comme nous l’entendons, dans la mesure que nous souhaitons la plus propice pour apprécier nos cérémonies.

L'élite est peut-être sectaire, mais elle est salutaire pour éviter ce genre d'ennui. Nous sommes conscient que nous n'avons pas la notoriété d'un groupe américain comme Sunn O))) qui dépassent allègrement les limites autorisées en France au niveau de la sécurité et de la prévention auditive, mais nous ne jouons pas non plus à ce volume gargantuesque. Suffisamment toute fois pour casser de la vaisselle et faire trembler les parquets des voisins…

Enfin, nous tenons à te remercier de t'être intéressé à nous, et de nous avoir laissé la parole à propos de notre thème, paroles et but. Nous sommes relégués souvent à un groupe copiant son attitude, son, thème sur celle des autres du même genre sous prétexte de notre jeune âge en tant que groupe, et nous ne pouvons jamais exposer notre propos entièrement, afin de rallier à notre cause de nouveaux disciples. Les dieux du mystère t’en seront reconnaissants !

3 commentaires:

  1. Ah, vous avez pas payé pour Electric Wizard?

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  2. Le seul témoignage qui aura subsisté des Untermenschen de la Sainte Ligue. Un peu court. Comme tous leurs projets.

    How appropriate.

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  3. Il semble qu'un "troll" dénommé GandhiEgo en veuille curieusement à notre samizdat puisque cet ignorant a tarti sur un autre site avec la même morgue à l'encontre de la Sainte Ligue, qui ne lui plaît certes pas mais respire toujours, distille sa sapience aux méritants et a son portail et des parcelles de Doom immérité à l'adresse http://sainteliguedudoom.blogspot.fr
    Diex Aïe.

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